Numéro 15: Éditorial

Éditorial

Pour la Paix

La parution du n°15 du Fil rouge, coïncide avec une actualité dominée par la guerre en Irak.

La CGT est partie prenante dans les manifestations condamnant cette intervention militaire des USA contre le Peuple Irakien. En cela elle poursuit une tradition de notre mouvement syndical, car la question du positionnement pour la paix a traversé toute son histoire.

Il fut objet de division en 1914 et en 1939, mais également d’union des travailleurs en1936, avec ce mot d’ordre du Front populaire « le Pain, la Paix, la Liberté », et en avril 1943 au Perreux où les dirigeants des deux grands courants réunifient la CGT dans la Résistance, dans la lutte contre le nazisme.

Albert Perrot dans son étude sur le congrès de la CGT de 1912 au Havre montre avec intérêt le débat passionné des syndicalistes pour déterminer l’attitude de la Classe ouvrière en cas de guerre.

Dans « Bolbec et son textile perdu » Pierre Michel fait également référence aux menaces de guerre en 1938, en montrant comment le patronat et le pouvoir politique utilisa la situation internationale pour remettre en causer les conquêtes de 1936; De même à Dieppe, à la même époque,  la campagne de presse pour faire échec à la grève du 30 novembre et permettre la répression contre les militants de la CGT, comme le rappelle l’article de Gilles Pichavant sur les conséquences de cette grève à Dieppe.

Dès 1939, prenant prétexte du Pacte germano soviétique et la déclaration de guerre, le gouvernement mettra fin à l’activité des syndicats CGT. La répression s’abattra sur les militants. Elle continuera jusqu’à la Libération en 1944. La Seine-Maritime et son mouvement syndical le paiera d’un lourd tribu: 173 militants syndicaux seront fusillés, ou mourront en déportation.

A peine remis de ce conflit, le moment viendra rapidement de soutenir les luttes des peuples qui agissaient pour se libérer du colonialisme. La CGT y tiendra une place importante et honorable, marquée par le refus des dockers de Rouen et du Havre de charger le matériel de guerre en partance pour la guerre d’Indochine. Comme nous l’avons relaté dans un précédent « Fil rouge », la lutte contre la guerre d’Algérie connu des moments forts à Rouen et au Havre, avec les soldats rappelés en 1955. Ce furent également les actions de solidarité avec le peuple vietnamien.

  Le souci de l’action pour le désarmement indispensable pour aller vers la Paix, a connu des temps forts avec l’exigence du démentiellement des fusées Pershing (US) et SS20 (URSS). Et plus près de nous c’est le soutien indéfectible de la CGT au peuple palestinien.

La situation actuelle montre l’actualité de cette impérieuse nécessité pour le mouvement syndical d’agir et d’impulser un large rassemblement de solidarité pour une paix durable sur cette planète, pour que les conflits se règlent par la négociation dans les organisations internationales. Pour que les ressources économiques servent à assurer le développement des nations et des peuples plutôt que des engins de destruction et de mort.

Le syndicalisme a encore beaucoup à faire pour convaincre que le bonheur, la liberté, l’avenir se construisent dans la paix.

Serge Laloyer