Numéro 19: Éditorial
Le 6 juin 1944: le jour se lève !
Le 60ème anniversaire du débarquement des forces alliées en Normandie, de la Libération de la France, est l’occasion pour notre « Fil rouge » de retracer, dans son numéro 19, la part prise par la Classe ouvrière et la CGT de Seine Inférieure, dans le combat pour la Libération.
Les classes dirigeantes, et surtout le patronat , n’ont pas digéré les conquêtes sociales de 1936. Profitant du contexte international et des menaces de guerre, ils vont s’attaquer aux acquis sociaux et aux militants révolutionnaires de la CGT. Ils vont pousser à la scission dans le mouvement syndical, à l’abandon de la « lutte des classes » par les syndicats ouvriers, à l’obtention d’un accord pour une « collaboration constante et loyale avec le patronat » par une CGT expurgée de ses militants communistes, processus qui aboutira en 1940, malgré tous les abandons, à l’interdiction de la CGT.
Passés dans la clandestinité, les militants exclus de la CGT, communistes pour l’essentiel, continueront le combat syndical et social, dans lequel les combats pour les conditions de travail, les salaires et l’emploi, pour la survie même des salariés confrontés à une pénurie généralisée, et contre l’esclavage, seront aussi essentiels que celui de la lutte contre l’occupation allemande.
Les patrons, dans leur très grande majorité, soutiendront le régime de Pétain et, sauf exception, collaboreront économiquement avec les allemands. De ce fait, il seront dans le camps des profiteurs de guerre, faisant leur richesse des malheurs du pays.
Nombreux sont les Cégétistes restés fidèles à leurs idéaux qui paieront de leur vie leur engagement dans la Résistance.
Il faudra attendre mai 1945 pour que les efforts conjugués de l’Armée Rouge à l’est et les armées Alliées à l’ouest, abattent la barbarie nazie, en permettant la Libération de millions d’hommes et de femmes emprisonnés dans les camps de concentration.
La Paix revenue, les militants qui ont survécu à la prison, aux camps d’extermination, aux combats menés dans les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), — en particulier dans sa composante populaire qu’ont été les Francs Tireurs et Partisans Français (FTP) — et l’Armée des Français Libre, vont tout naturellement reprendre leur place parmi les ouvriers, les ingénieurs, les techniciens, pour mener la bataille de la reconstruction des usines, des ports, des ponts, des moyens de communication, afin de redonner au pays une puissance économique et changer le monde au service de l’homme. Ils contribueront, avec d’autres forces démocratiques, à la réalisation du Programme du Conseil National de la Résistance (CNR), adopté dans la clandestinité, fruit d’une volonté de construire un autre monde, un monde de Paix et de Liberté, et obtenir que ses engagements sociaux, économiques et démocratiques, entrent dans la vie.
Les rédacteurs de ce numéro du « Fil rouge » n’ont pas seulement voulu écrire une page d’histoire. Ils ont voulu montrer aux jeunes générations que le combat pour la paix, contre le racisme, pour l’indépendance nationale et pour l’amitié entre les peuples, est partie intégrante du combat syndical au même titre que le combat social.
Serge Laloyer