Numéro 25: Éditorial
La participation populaire aux nombreuses manifestations commémoratives du 70ème anniversaire en est l’expression. Notre institut a été associé à nombre de ces initiatives. La publication de notre ouvrage « 1936, ils ont osé, ils ont gagné — histoire des grèves en Seine Inférieure », s’inscrit dans ce mouvement. Il est, et restera, une contribution non négligeable à la connaissance des grèves de 36. Rappeler ce que fut cette période, les acquis obtenus et les moyens mis en œuvre pour les arracher, est d’une actualité brûlante, face aux coups de boutoir actuels du patronat et du gouvernement contre le statut social des travailleuses et des travailleurs, au moment où la jeunesse et le monde du travail ont fait mettre à la poubelle le CPE.
Car la mise à mal du Code du travail, la précarité des emplois et des salaires, la détérioration du système de Sécurité sociale, les atteintes aux droits syndicaux et libertés, les privatisations, la destruction de milliers d’emplois au nom de la « mondialisation » et de l’Europe, sont toujours d’actualité. Autant de coups qui sont perçus comme une offensive du Capital pour accaparer les fruits du travail, alors que monte l’exigence populaire de bénéficier aussi du fabuleux essor technologique qui, effectivement, permettrait de soulager le travail, de changer la vie et la société.
Car pour le mouvement syndical, comme pour les forces progressistes, 1936 est à revisiter: L’unité syndicale réalisée par la réunification de la CGT; L’union des partis de gauche sur la base d’un Front populaire, dont les travailleurs assureront la victoire; Les luttes. Voilà les éléments qui aideront à la conclusion des accords de Matignon. Mais aussi de faire preuve d’engagement, de vigilance, afin d’empêcher toute revanche du patronat et des forces politiques à son service.
« Résister c’est créer; Créer c’est résister »; En 2004 c’était le titre de l’appel des Résistants à commémorer le 60ème anniversaire de la publication du programme du Conseil national de la Résistance, qui fut aussi l’héritier du formidable mouvement de 1936. En publiant notre ouvrage départemental sur 36, en organisant le 3 juin une visite historique et festive à Dieppe en partenariat avec l’union locale CGT, en prenant une initiative plus modeste, mais similaire dans l’esprit, à Elbeuf, nous avons le sentiment de nous inscrire dans ces pas.
Les engagements des étudiants, des lycéens aux coté des travailleurs et de leurs syndicats, dans les luttes du printemps contre le CPE montrent que des possibilités existent pour faire entendre l’aspiration à une vie meilleure.
Serge Laloyer.