Numéro 29- Automne 2007
Editorial
L’histoire sociale ne sert pas à célébrer le passé, mais à construire l’avenir.
Le 10 octobre prochain, à « La Maison CGT » siège de l’Union Départementale, 26 avenue Jean Rondeaux à Rouen, à 17 heures, nous vous invitons à venir célébrer avec nous les dix ans d’activité de l’Institut CGT d’Histoire Sociale de Seine- Maritime.
Une décennie d’activité, près de deux cent adhérents, vingt-neuf numéros de notre journal « Le fil rouge », un livre sur 1936 en Seine- Inférieure vendu à près de 3 000 exemplaires, des activités localisées sur Dieppe avec une visite promenade historique et festive en juin 2006, au Havre avec les cent ans de l’Union Locale en 2007, et avec une soirée importante sur 1936 l’an passé à Elbeuf.
L’actualité récente avec les élections présidentielles et législatives a montré combien, plus que jamais, l’histoire n’est pas neutre. Plus encore en ce qui concerne l’histoire sociale.
En effet, quand Sarkozy candidat à la présidence de la République déclare le 29 avril 2007, vouloir liquider une fois pour toutes l’héritage de mai 68, quand il décide de faire lire la lettre de Guy Môquet dans les établissements secondaires, quand il utilise Jaurès ou Blum, il tente d’utiliser l’histoire en la modifiant pour sa propre politique. Cela appelle de notre part une réponse que vous trouverez dans ce numéro sous la forme d’une adresse aux enseignants.
Posons nous la question: pourquoi Guy Môquet, ce jeune militant communiste de 17 ans a-t-il été mené au poteau d’exécution ? Qui a fait fusiller en même temps les vingt-six autres militants syndicaux ? Si ce n’est Pucheu, le ministre de l’Intérieur de Pétain qui en 1936 participait du côté patronal, au nom du Comité des Forges, aux négociations de Matignon !
Concernant le 40ème anniversaire de mai 1968, nous tiendrons un colloque en mai prochain avec des universitaires, des étudiants et des militants syndicalistes ou du mouvement social, et un ouvrage sera édité à cette occasion. Ainsi nous contribuerons en Seine-Maritime, à combattre les tentatives d’instrumentalisation de l’histoire sociale.
C’est à cela que sert notamment notre Institut départemental depuis dix ans.A informer, à donner à voir en quoi les luttes sociales dans le département ont été utiles, pour les salariés, pour l’emploi, pour les conditions de vie et de travail et qui se sont traduites par des conquêtes revendicatives. Ceux qui s’intéressent à l’histoire, mais aussi les chercheurs, les curieux du passé trouveront d’ailleurs en pages centrales de ce vingt- neuvième numéro l’Index général de l’ensemble de nos travaux. C’est un travail fort important réalisé par des historiens bénévoles du monde ouvrier, mais ô combien passionnés par l’histoire sociale, par celles et ceux qui l’ont faite, passionnés aussi de transmettre ce patrimoine social pour susciter l’activité militante d’aujourd’hui et de demain.
Ainsi l’Histoire Sociale - telle que nous la concevons - montrera qu’elle ne sert pas seulement à célébrer le passé et à l’écrire, mais aussi à construire l’avenir.
Jacques Defortescu
Septembre 2009