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Numéro 29- Automne 2007

Histoire enjeu de société

L’institut CGT d’histoire sociale écrit aux enseignants

La décision du président de la République de faire lire la lettre de Guy Môquet dans tous les lycées nous oblige à déroger à notre règle stricte de réserver l’intégralité de nos pages à des thèmes d’histoire sociale de la Seine Maritime.

Ci-contre, la lettre de l’IHS aux enseignants



Ci-dessous et pages suivantes des extraits du supplément au journal de l’association Châteaubriant-Voves-Rouillé, « 22 octobre », dont le titre reprend  le dernier écrit de Guy Môquet:

« Les copains qui restez, soyez dignes de nous ! »

Éditorial:

« La décision du Président de la République de faire lire la lettre de Guy Môquet dans tous les lycées est positive.Quoi de plus juste que la nation rende hommage aux jeunes qui résistèrent dès les premiers jours. L’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé regroupe depuis 1945 tous les anciens internés de ces camps, les familles de fusillés, de déportés pour rendre hommage à ces résistants. Leurs combats, leurs idéaux ne doivent pas être oubliés pour comprendre les défis de notre société d’aujourd’hui et construire demain. Les avancées sociales et démocratiques qu’ils nous léguère par le programme du CNR restent des points d’appui. Les acteurs de cette période pensent que l’Histoire appartient aux peuples, elle ne doit surtout pas être instrumentalisée, détournée, falsifiée. C’est pourquoi ils ont voulu témoigner.
Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé. »

Adresse de l’association: Maison du combattant-Fernand-Lefort, 11bis rue Kléber 93400 Saint-Ouen

Guy Moquet

Qui était Guy Môquet ?

Né le 24 avril 1924, il habitait avec ses parents, Prosper et Juliette, dans le 17ème arrondissement de Paris.Son père, cheminot à la gare des Batignolles fut élu député communiste du Front populaire en 1936. Tout jeune, Guy va accompagner son père dans les réunions dans les manifestations, notamment en faveur de l’aide à l’Espagne républicaine que son père soutenait de toutes ses forces.

Il adhère aux jeunesses communistes en 1938 et y milite très activement, notamment contre la signature des accords de Munich qui encourageaient Hitler et qui vont nous conduire à la guerre.

Guy avait un frère Serge qu’il aimait beaucoup. Ayant passé avec brio son certificat d’études, il sera admis au lycée Carnot dans le 17e où il va suivre une brillante scolarité et jouer un rôle important.

La résistance de la première heure.

La France déclare la guerre à l’Allemagne le 2 septembre 1939 suite à l’agression contre la Pologne.Ce sera la drôle de guerre, car pendant 7 mois, aucune action importante ne sera engagée contre les armées allemandes.

Le 26 septembre 1939, prétextant le pacte de non agression entre l’URSS et l’Allemagne, le gouvernement présidé par Édouard Daladier, promulgue le décret interdisant le Parti communiste, des syndicats de la CGT, révoquant les maires communistes et républicains élus en 1936 et décidant  d’arrêter  les  députés  communistes.

Prosper Môquet est de ceux-là et Guy Môquet va se révolter contre cette décision inique. Il multipliera les interventions au plus haut niveau de l’État avec force et beaucoup d’esprit de responsabilité.

Guy considère qu’il doit remplacer son père.Face à l’occupation de notre pays, la Résistance s’organise, des appels sont faits, celui du Général de Gaulle  du 18 juin 1940, celui du Parti communiste de juillet 1940 et d’autres personnalités. Les jeunes en premier.

Des comités se développent à Paris et en banlieue.Guy décide de constituer un premier groupe de résistants dès février 1940 dans le 17e arrondissement de Paris. En province des opérations isolées se développent.

Le 12 septembre 1940, Marcel Drosset, mécanicien est condamné à mort à Rennes pour sabotage.

Le 20 octobre 1940, Herault, bûcheron dans l’Oise est fusillé à Bordeaux pour sabotage.

En, juin 1940 l’union des étudiants communistes lance un appel pour l’action. Cinq mois plus tard aura lieu la manifestation à la place de l’Étoile le 11 novembre 1940.

De nombreux jeunes participent à des actions contre l’occupant seront arrêtés et seront fusillés. Au cours d’une manifestation, le 13 août 1941 à Paris, la répression sera impitoyable. Seront condamnés à mort le 15 août et fusillés le 19: Henri Gautherot, 20 ans, grièvement blessé, Samuel Tyszelmann, 19 ans.

Le 24 août André Sigoney, Raymond Justice, Jean-Louis Rapinat, seront fusillés pour avoir participé à la manifestation communiste du 13 août.

La répression s’intensifie, grâce au décret Serol du 8 avril 1940. Ce décret-loi prévoyait la peine de mort pour « tout français qui aura participé sciemment à une entreprise de démoralisation de l’armée ou de la nation ayant pour objet de nuire à la Défense nationale.

 Le 5 octobre 1940, 350 communistes et syndicalistes sont arrêtés dans la région parisienne et conduits au camp d’Aincourt en Seine-et-Oise.

Guy Môquet raconte: « J’ai seize ans depuis le 26 avril 1940. Élève au lycée Carnot, je suis militant à la Jeunesse communiste avec laquelle je lutte en collant des affiches et en distribuant des tracts contre l’occupant nazi, ce qui est passible de mort. Je suis arrêté le dimanche 13 octobre 1940 à la gare de l’Est. Acquitté le 23 janvier 1941, je suis pourtant gardé en prison et déplacé de Fresnes à la Santé, puis à Clairvaux, pour finir au camp de Châteaubriant (Loire-Inférieure). »

Résistance et répression

Le lundi 20 octobre 1941, à 7h30, un groupe de jeunes résistants abat en pleine, rue du Roi Albert à Nantes, le lieutenant Holtz, commandant de la place.Immédiatement Hitler et le général Stuelpnagel (commandant des forces allemandes en France) ordonne des représailles. Les internés sont dès la matinée du 20 consignés dans le camp de Chateaubriant.

Au début de l’après-midi la décision est prise par Stuelpnagel de faire fusiller 50 otages. Stupnagel la communique le matin du 21 octobre à la direction du camp et indique que 50 autres otages seront fusillés, si dans un délai de 8 jour les auteurs de l’attentat ne sont pas arrêtés. Des affiches sont placardées jusqu’à paris. Le ministre de l’intérieur Pucheu avait conseillé aux autorités allemandes de prendre de préférence les otages dans le camp de Choisel, dont il établira la liste. » (…)

Ils seront 27 à être fusillés le 22 octobre 1941 à Châteaubriant. Le même jour 16 autres seront fusillés à Nantes et 5 au Mont valérien. Cette fusilla de d’otages créera une vive émotion parmi la population  de Châteaubriant, dans la France entière et dans de nombreux pays du monde.

Guy Môquet devint un symbole pour de nombreux groupes de résistance. Louis Aragon lui consacra un poème.

Le 28 novembre 1944 le général De Gaulle décerna à Guy Môquet la médaille de la résistance française et la Croix de guerre. Le 9 février 1946, la légion d’honneur lui fut décernée.


 

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