Soirée débat au Mémorial de Caen le 17 juin
compte rendu par Gilles Pichavant
S’il est un événement qu’il ne fallait pas manquer, c’était bien la soirée débat organisée conjointement au Mémorial de Caen, le jeudi 17 juin, par l’institut CGT d’Histoire Sociale (Confédéral), l’Institut Régional d’Histoire Sociale de Normandie, le Comité Régional CGT de Normandie et l’Union Départementale CGT du Calvados sur le thème Le syndicalisme et la Paix.
Les plus de 200 personnes qui avaient répondu à cet appel n’ont pas été déçues de leur déplacement, et notamment les retraités du syndicat CGT de Renault Cléon qui avaient profité de l’évènement pour organiser une sortie culturelle.
Le Mémorial pour la Paix se prêtait à merveille à un débat sur le thème des relations entre le syndicalisme et la paix, alors que nous sortions à peine d’une période de tension internationale, puisque nous étions quelques jours après la fin des opérations armées au Kosovo.
Quatre personnalités ont apporté une qualité exceptionnelle au débat animé par un journaliste de l’Hebdo de l’actualité sociale:
Jean Petite, militant dans le Calvados de l’Appel des Cent, fit un développement historique sur les relations contradictoires entre le syndicalisme et la paix, depuis la création des premiers syndicats jusqu’à nos jours. Il insista sur le rôle important du syndicalisme d’aujourd’hui dans la lutte pour reconversion des usines d’armement au service de l’emploi et de la Paix.
Michel Pigenet, Professeur d’Histoire à l’Université de Rouen, fit un développement sur le thème “comment les syndicats se sont intéressés à la lutte pour la paix”.
Il articula son intervention autour de trois questions qui ont été régulièrement au coeur des discussions du mouvement syndical, mais qui n’ont pas forcément abouti aux mêmes réponses selon les périodes historiques:
1- “Si les syndicalistes sont pour la paix, sont-ils pour n’importe quelle paix? Sont-ils pour la paix des prisons? Toutes les guerres sont-elles injustes?”
2- “Si le syndicalisme est pour la paix, que propose-il? La Paix, comment et avec qui ?”
3- “Quelle place peut tenir la lutte pour la paix dans l’activité syndicale? Cette question est-elle une question décisive à laquelle on subordonne tout?”
Il étaya son propos d’exemples concrets pris dans l’histoire du syndicalisme, et mit en perspective les idées qui l’ont traversé depuis le siècle dernier.
Gérard Leneuveu, Secrétaire Général de l’Union départementale CGT du Calvados aborda la question sous l’angle de l’actualité. Il développa trois thèmes:
1- Pas de paix sans désarmement.
2- Pas de paix sans développement économique
3- Nécessité de développer des coopérations syndicales en France, en Europe et dans le monde.
Il évoqua l’entrée de la CGT dans la CES et la fin des hostilités au Kosovo. Il insista sur les nécessités à la fois d’un plan de reconstruction en Yougoslavie et d’une aide à apporter aux organisations syndicales des balkans.
Georges Séguy, Président de l'Institut CGT d’Histoire Sociale, fit un exposé sur un aspect saillant de la 2ème guerre mondiale: les répercussions sur le mouvement syndical de la signature du Pacte Germano-Soviétique signé le 23 août 1939.
Il revint sur l’effort unitaire déployé par des militants syndicaux, pour l’essentiel des communistes, calomniés, inculpés d’activité antipatriotique, exclus de la CGT. Il montra comment leur effort aboutit à la réunification syndicale, à la suite des accords du Perreux, le 13 avril 1943, ce qui permit au mouvement syndical réunifié dans une seule CGT, de peser fortement sur le programme du CNR, et donc de contribuer aux grands progrès sociaux issus de la Libération.
Il montra comment la lutte pour l’unité a toujours été un élément central de la CGT, que loin d’y perdre son âme elle s’y ressource et y puise des forces nouvelles..
La parole fut ensuite donnée à la salle, et les nombreuses interventions mirent en évidence le caractère passionnant du thème, ainsi que les nombreuses approches multiformes, diverses voire contradictoires.
Nota:
les interventions de Georges Séguy et Gérard Leneuveu sont publiées intégralement dans le dernier numéro des Cahiers de l’IHS-CGT.