Cette semaine, le 16 février 2011, c’était le 75ème anniversaire de la victoire électorale des Républicains Espagnols et du Frente Popular en 1936.
Personne n’en a rien dit !
Il est vrai que, comme l’a mis en évidence Annie Lacroix-Riz le gouvernement de Front populaire en France, présidé par Léon Blum, et celui de la Banque de France, présidé par François De Wendel , du Comité des Forges, ont trahi l’honneur de la France et contribué à l’assassinat de la République Espagnole. En conséquence peu de monde ne France ne commémore cet anniversaire.
La Banque de France a eu une responsabilité particulièrement affreuse ! Alors que l’Espagne lui avait confié son or, précieusement mis « à l’abri », la Banque de France interdira à la République espagnole, agressée par le putsch fasciste de Franco, d’utiliser cet or. La république espagnole ne pourra donc pas acheter des armes pour se défendre, ni acheter de la nourriture pour nourrir son peuple.
- Les législatives du 16 février 1936
Le Front populaire, formé par les républicains, les socialistes et les communistes, gagne les élections. Le taux de participation est incontestablement de loin le plus haut des deux dernières, 73 %. Elles furent aussi les dernières avant le coup d’état fasciste.
28 juin 1931 | Sièges | 19 novembre 1933 | Sièges | 16 février 1936 | Sièges |
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GAUCHE | 265 | GAUCHE | 99 | GAUCHE | 288 |
PSOE (soc.) | 116 | PSOE (soc.) | 58 | PSOE (soc.) | 99 |
Radicaux (soc) | 60 | Radicaux (soc) | 5 | Gauch. Républ. | 87 |
Esquerra (cat) | 32 | Esquerra (cat) | 18 | Union Répub. | 39 |
Action Répub. | 27 | Action Répub. | 5 | Esquerre (cat) | 36 |
ORGA (gal) | 16 | ORGA (gal) | 6 | PCE (communiste) | 17 |
Gauch (révol.) | 14 | Divers gauche | 6 | — | — |
— | — | PCE (communiste) | 1 | — | — |
CENTRE | 148 | CENTRE | 131 | CENTRE | 56 |
Radicaux | 90 | Radicaux | 102 | Radicaux | 4 |
Progressistes | 27 | Progressistes | 3 | Progressistes | 6 |
PNV (basq) | 14 | PNV (basq) | 12 | PNV (basq) | 11 |
Divers Répub. | 14 | Lliga (cat) | 14 | Lliga (cat) | 12 |
Lliga (cat) | 3 | — | — | Centristes | 16 |
— | — | — | — | Divers centre | 7 |
DROITE | 60 | DROITE | 242 | DROITE | 137 |
Agrariens | 26 | C.E.D.A. | 115 | C.E.D.A. | 88 |
Divers droite | 25 | Agrariens | 36 | Agrariens | 11 |
Indépendants | 4 | Indépendants | 18 | Indépendants | 10 |
Libéraux | 4 | Libéraux dém. | 9 | Conservateurs | 3 |
Monarchistes | 1 | Conservateurs | 18 | Carlistes | 9 |
— | — | Carlistes | 21 | Monarchistes | 13 |
— | — | Rénovation (monar.) | 23 | Divers droite | 3 |
— | — | Divers (monar.) | 2 | — | — |
Les « démocraties » occidentales (la France, l’Angleterre, les USA, etc.) laissèrent la république espagnole mourir parce qu’elle était dirigée par un Front populaire. Pourtant la France était dirigée par un gouvernement soit-disant « frère », puisque dirigé par un autre gouvernement de Front populaire.
Le général putschiste Franco reçu non seulement des armes, des avions, de l’Allemagne Nazie et de l’Italie fasciste, mais ces puissances dirigées par des gouvernements d’extrême droite lui envoyèrent, en plus, des troupes. Appelée Operation Feuerzauber (« Opération Feu magique »), l’aide militaire allemande au camp nationaliste espagnol a débuté à la suite d’une demande d’assistance envoyée par Franco . Cette demande fut reçue Hitler le 22 juillet, soit cinq jours seulement après le début du soulèvement, le 17 juillet 1936.
Au cours des semaines suivantes, plus de quinze mille volontaires sont envoyés en Espagne. Le 27 juillet 1936, Hitler envoya 26 avions de chasse allemands et aussi 30 bombardiers Junkers Ju 52 depuis Berlin et Stuttgart, vers le Maroc espagnol alors aux mains des Nationalistes de Franco. Ils constituèrent la Légion Condor. Au cours des deux semaines suivantes, ces avions transportèrent presque 12 000 hommes vers l’Espagne.
Cette Légion sera bientôt équipée d’environ 100 avions et comptera 5 136 hommes. L’Espagne servira de terrain d’entrainement pour tous les pilotes de la Luftwaffe, qui en 1939, attaqueront la France.
Sur ordre de Franco, la Légion Condor bombarda la ville basque de Guernica le lundi 26 avril 1937. Cette attaque fut considérée comme le premier grand raid de l’histoire de l’aviation de guerre moderne sur la population civile sans défense, et provoqua des centaines de victimes civiles innocentes. Picasso peindra une fresque qui deviendra célèbre.
Mais en novembre 1936, les volontaires des Brigades internationales venus du monde entier, et notamment de France ( 6 dieppois seront volontaires) ainsi que des armes et munitions, avions, chars, ainsi que des conseillers militaires soviétiques, commencèrent à arriver à Madrid. Mais l’addition de l’aide soviétique et des volontaires des brigades internationales ne suffira pas à faire face à la puissance fasciste et nazie. Il manquait l’or de la Banque d’Espagne, bloquée en France !!!
La Banque de France remettra l’or de la Banque d’Espagne, à la nouvelle Banque d’Espagne au gouvernement de Franco, alors que la République espagnole vivait ses derniers jours. Cet or servira à rembourser l’Allemagne et l’Italie de son soutien à Franco. Arrivé en Allemagne, il reprendra en 1939 la route de la France (et de la Banque de France), en paiement des fourniture de minerai de fer et d’acier et de bauxite de la France à l’Allemagne. A quoi a donc servi cet acier, ce minerai de fer et cette bauxite? L’acier et le minerai de fer, à fabriquer les canons allemands, la bauxite à fabriquer les carters de moteurs pour les avions et les chars allemands. Ces canons, ces chars, et ses avions attaquèrent la France en juin 1940. Les patrons français sombrèrent dans la collaboration, et fournirent alors le matériel nécessaire à Hitler, pour qu’il poursuive la guerre.
La France de Front Populaire, gouvernée par Léon Blum, l’Angleterre et les Usa, qui avaient décrété la non-intervention, et donc l’embargo commercial avec la République espagnole, ont trahi les intérêts des démocraties, et ont participé, de fait, à l’assassinat de la République espagnole.
75 ans après ce forfait, et au moment où la nouvelle crise « de 29 » (celle de 2009), souvenons-nous de leur trahison, et du choix des capitalistes et des financiers de « choisir Hitler plutôt que le Front populaire« , si nous ne voulons pas vivre un « bégaiement de l’histoire ».