Une enquête rondement menée. Rapidement les soupçons se
portent sur trois habitants du lieu. En effet vers la fin de la nuit, Jean Pierre
MERVEILLEUX, inquiet pour ses bagages, a insisté pour qu'on aille chercher sa valise.
Trois habitants ont proposé leur service. L'un loge dans la maison où ils ont été
recueillis, les deux autres sont du village. Le capitaine les a donc envoyé sur le lieu
du naufrage, accompagnés de David GRAVELAN, le pilote.
Arrivé sur la plage, ils ont trouvé le navire au sec. Ils sont montés tous les quatre
à bord. David GRAVELAN ayant récupéré la fameuse valise, leur a alors demandé de
quitter le navire. Ils ne l'ont pas fait, faisant mine de ne rien comprendre, car le
dieppois s'exprimait en français, et les paysans parlaient breton. Sans s'inquiéter
outre mesure, le pilote est revenu au village en les laissant sur place. Il était
accompagné du mousse trouvé à bord.
David GRAVELAN est interrogé à son tour. C'est un homme âgé de 36 ans environ, de
taille moyenne, aux cheveux blonds, originaire, comme le capitaine, de Dieppe. Il confirme
les déclarations du capitaine.
Il estime "qu'il ne se peut pas que d'autres que les trois qu'il avait pris avant
le jour pour le conduire au bâtiment ayent commis ces pillages n'ayant pas remarqué
aucun homme à la cotte jusques alors même à plus d'une heure à deux avant le jour".
L'équipage est interrogé à son tour. Il y a là le dieppois Augustin THIERRY, 24 ans,
les cheveux blonds, et les trois matelots et mousses qui ont été embarqués à Honfleur
en remplacement de marins dieppois décédés. Ils s'appellent Pierre PERDU 30 ans, de
Honfleur, Jean PINEL, 20 ans, et Guillaume FONTAINE 17 ans originaires tous les deux
de Quilbeuf. Ils confirment tous les déclarations du capitaine et du pilote.
Jean Pierre MERVEILLEUX, interrogé lui aussi, déclare "avoir perdu dans le
pillage, deux paires de boucles d'argent, six chemises de toille de cretone, une redincot
et une veste de drap gris, une tabatière d'écaille avec une mignature, laquelle est
quarrée, un petit balotin de six coques remplis de beaume du pérou, et deux ganifs6
fins". Cependant il tient à dédouaner les personnes, qui les ont hébergé,
d'une partie des accusations: "sur ce qu'il est venu à sa connoissance que l'on
blâme le paysan chez qui ils furent reçus la nuit du naufrage d'avoir enlevé des
viandes, déclare a valoir et servir ainsy qu'il appartiendra, que le même jour du
naufrage il donna à la femme de la dite maison une pièce de boeuf d'Irlande".
(suite) |
Photocopie d'un feuillet de la liasse B 4337 des Archives
Départementales du finistère |