Pilleurs d'épaves (suite) 5/6 |
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Premières perquisitions. Dès le lendemain, le Procureur de
l'Amirauté déclenche des perquisitions. Chez Pierre LE CORRE, du village de Penhors,
celui qui a hébergé les naufragés, on trouve, outre la pièce de boeuf d'Irlande
donnée par l'officier suisse, une chemise et deux culottes qui n'auraient pas du se
trouver là. Chez Christophe LE CORRE, son frère, on trouve une casaque, une veste, une
paire de boucles d'argent et un pistolet. Mais de nouveaux actes de pillage se produisent ! C'est alors que
de nouveaux actes de pillage se produisent. S'il n'est plus possible de voler quoi que ce
soit sur l'épave, ni sur la grève, pas plus que dans la chapelle, qui sont bien gardés,
c'est en chemin que se produisent les vols. C'est après les oranges et les citrons qu'on
en a. Les charrettes, parties du campement provisoire, sont dévalisées en cours de
route. Les caisses, pourtant pleines au départ, arrivent vides à la Chapelle. D'autres
sont défoncées, et une partie des fruits a disparu. Le chef de l'amirauté prend donc
les dispositions pour que chaque charrette soit accompagnée, afin d'être protégée. Le 13 janvier, le
procureur déclenche de nouvelles perquisitions à la suite des interrogatoires des
suspects. On retrouve ainsi chez Jacques THOMAS, qui habite lui aussi Penhors, huit
cordages provenant du navire, deux capotes de matelot, un paletot, deux camisoles, deux
culottes une paire de bottes, un soulier, deux jambons coupés en morceau, et trois
pièces de boeuf d'Irlande. D'autres vêtements et objets divers provenant du naufrage
sont retrouvés chez un quatrième larron, Alain LE BOLZER. Procès et sentence: Le 16 janvier les deux frères Le CORRE, Jacques THOMAS et Alain LE BOLZER sont jugés. Ils sont, bien entendu, déclarés coupables. Voici la sentence: "Vu l'estat du procès, interrogatoires du capitaine et l'équipage, et ceux subis par le dit Pierre Le Corre et par le tout les conclusions du procureur du Roy le tout mûrement considéré; Nous messire Hyacinthe Alexis Paterne Marigo, chevalier Seigneur du dit lieu, conseiller du Roy président du présidial de Quimper, lieutenant général civil et criminel du siège royal de l'amirauté de Cornouaille estably audit Quimper, faisant déffinitivement droit sur les charges, condamnons par forme de restitution Pierre et Christophe Le Corre, Jacques Thomas et Alain Le Bolzer, solidairement , de payer au proffit du Sieur Le Moulin propriétaire de la plus grande partie de la cargaison d'oranges, la somme de cent livres, et au proffit du capitaine Nicolle et son équipage quatre vingt livres sauf au dit Capitaine à faire la répartition de ladite somme entre luy et son équipage égard à la perte de chacun, et enfin vingt livres d'amende envers S.A.S. Monseigneur Lamiral, avec deffens audits Le Corre, Thomas et Bolzer et a tous autres de tomber en pareilles fautes ny de faire de tels recellements à peine d'estre vers eux procédé extraordinairement, et passé du payement desdites sommes seront les portes des prisons ouvertes audit pierre Le Corre et sera présente sentence lue et publiée à l'issue de la grande messe des paroisses de Pouldreuzic et Plovan fait et arrêté ce jour saizième janvier mil sept cents vingt cinq signé H.A.P. Marigo Lt. G.all Il sont donc condamnés solidairement à verser: |
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100 livres à Jean MOULIN, en tant que principal propriétaire de la cargaison, |
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80 livres au capitaine NICOLE et à son équipage, dont on n'a pas retrouvé la totalité des bagages, |
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20 livres comme amende à l'amirauté, soit une somme de 200 livres, |
C'est,
somme toute, une sentence relativement clémente en regard de la loi en vigueur. Ils risquaient, en effet, la mort. Mais c'est une somme suffisamment lourde pour plonger dans la misère ces journaliers qui vivaient dans des conditions difficiles. Il s'agissait sans doute de convaincre les populations de la côte qu'il y avait plus de risques que d'avantages à jouer les naufrageurs. |