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Liste de Sauveteurs

Centre Généal. Finistère

Pilleurs d'épaves

(suite) 5/6

Premières perquisitions.

Dès le lendemain, le Procureur de l'Amirauté déclenche des perquisitions. Chez Pierre LE CORRE, du village de Penhors, celui qui a hébergé les naufragés, on trouve, outre la pièce de boeuf d'Irlande donnée par l'officier suisse, une chemise et deux culottes qui n'auraient pas du se trouver là. Chez Christophe LE CORRE, son frère, on trouve une casaque, une veste, une paire de boucles d'argent et un pistolet.
Pendant ce temps là, les travaux de sauvetage se poursuivent. Les dernières caisses d'oranges sont sorties du bateau qui s'est déplacé et offre désormais son flanc à la mer. Les vagues ont fait chasser l'ancre. L'épave a bougé.

Mais de nouveaux actes de pillage se produisent !

C'est alors que de nouveaux actes de pillage se produisent. S'il n'est plus possible de voler quoi que ce soit sur l'épave, ni sur la grève, pas plus que dans la chapelle, qui sont bien gardés, c'est en chemin que se produisent les vols. C'est après les oranges et les citrons qu'on en a. Les charrettes, parties du campement provisoire, sont dévalisées en cours de route. Les caisses, pourtant pleines au départ, arrivent vides à la Chapelle. D'autres sont défoncées, et une partie des fruits a disparu. Le chef de l'amirauté prend donc les dispositions pour que chaque charrette soit accompagnée, afin d'être protégée.
Il devient urgent de vendre la cargaison, aussi décide-t-il d'envoyer l'huissier faire le tour des paroisses alentours, jusqu'à Pont Croix et Pont L'Abbé, pour annoncer que l'on procédera le 14 janvier à la vente aux enchères de la cargaison et des restes du navire.

Nouvelles perquisitions.

Le 13 janvier, le procureur déclenche de nouvelles perquisitions à la suite des interrogatoires des suspects. On retrouve ainsi chez Jacques THOMAS, qui habite lui aussi Penhors, huit cordages provenant du navire, deux capotes de matelot, un paletot, deux camisoles, deux culottes une paire de bottes, un soulier, deux jambons coupés en morceau, et trois pièces de boeuf d'Irlande. D'autres vêtements et objets divers provenant du naufrage sont retrouvés chez un quatrième larron, Alain LE BOLZER.
Tous les vêtements retrouvés sont rendus à leurs propriétaires
Le 14 janvier, alors que Pierre LE CORRE est conduit à la prison de Pont Croix, on commence les opérations de vente aux enchères. On s'occupe d'abord de vendre la coque du navire. La première enchère est faire par le recteur de Plovan qui  enchérit à 50 livres, et après une âpre bataille, la coque sera adjugée à François LE TRAON pour 91 livres. Quant à la cargaison d'oranges et de citrons, dont on a sauvé près de 200 caisses, elle reviendra à un nommé LE FLOCH pour 16 livres la caisse.

Procès et sentence:

Le 16 janvier les deux frères Le CORRE, Jacques THOMAS et Alain LE BOLZER sont jugés. Ils sont, bien entendu, déclarés coupables. Voici la sentence:

"Vu l'estat du procès, interrogatoires du capitaine et l'équipage, et ceux subis par le dit Pierre Le Corre et par le tout les conclusions du procureur du Roy le tout mûrement considéré;

Nous messire Hyacinthe Alexis Paterne Marigo, chevalier Seigneur du dit lieu, conseiller du Roy président du présidial de Quimper, lieutenant général civil et criminel du siège royal de l'amirauté de Cornouaille estably audit Quimper, faisant déffinitivement droit sur les charges, condamnons par forme de restitution Pierre et Christophe Le Corre, Jacques Thomas et Alain Le Bolzer, solidairement , de payer au proffit du Sieur Le Moulin propriétaire de la plus grande partie de la cargaison d'oranges, la somme de cent livres, et au proffit du capitaine Nicolle et son équipage quatre vingt livres sauf au dit Capitaine à faire la répartition de ladite somme entre luy et son équipage égard à la perte de chacun, et enfin vingt livres d'amende envers S.A.S. Monseigneur Lamiral, avec deffens audits Le Corre, Thomas et Bolzer et a tous autres de tomber en pareilles fautes ny de faire de tels recellements à peine d'estre vers eux procédé extraordinairement, et passé du payement desdites sommes seront les portes des prisons ouvertes audit pierre Le Corre et sera présente sentence lue et publiée à l'issue de la grande messe des paroisses de Pouldreuzic et Plovan fait et arrêté ce jour saizième janvier mil sept cents vingt cinq

signé H.A.P. Marigo Lt. G.all

Il sont donc condamnés solidairement à verser:

100 livres à Jean MOULIN, en tant que principal propriétaire de la cargaison,
80 livres au capitaine NICOLE et à son équipage, dont on n'a pas retrouvé la totalité des bagages,
20 livres comme amende à l'amirauté, soit une somme de 200 livres,
C'est, somme toute, une sentence relativement clémente en regard de la loi en vigueur.

Ils risquaient, en effet, la mort.

Mais c'est une somme suffisamment lourde pour plonger dans la misère ces journaliers qui vivaient dans des conditions difficiles. Il s'agissait sans doute de convaincre les populations de la côte qu'il y avait plus de risques que d'avantages à jouer les naufrageurs.

(Suite: Liste de Sauveteurs)

 

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